Nos lauréates 2022 - Contrats doctoraux

En 2022, l'Initiative Humanités Biomédicales a le plaisir de financer et accueillir deux nouvelles doctorantes en philosophie, Julie Agnaou et Rachel Revelard.

Rachel Revelard doctorante de l'IHB accueillie en 2022

Rachel Revelard, philosophie

Mon travail de thèse se trouve aux frontières de la philosophie de la médecine et de l’analyse littéraire, avec un aspect psychologique. Je me concentre sur les thèmes de la mémoire et de la mort en soins palliatifs, sur leurs représentations et sur la manière dont les patients décédés peuvent parfois « hanter » les soignants. Ces notions proviennent de l’héritage laissé par les écrits des médecins des siècles nous précédant, et j’étudie ainsi des textes médicaux du XVIIIe siècle. L’objectif de ma recherche est d’élucider si les souvenirs des patients décédés sont un poids ou une expérience positive pour les soignants, ce qui me permettra d’élaborer des outils pratiques sur le terrain pour améliorer la pratique soignante. Ce travail de thèse est enrichi par ma formation en littérature reçue en Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles littéraire ainsi que par mon master Philosophie Mention Humanités Biomédicales suivi au sein de cette même initiative à Sorbonne Université.

Rachel Revelard, philosophie, École doctorale 019 « Littératures françaises et comparées », Centre d’étude de la langue et des littératures françaises (UMR 8599), Sorbonne Université. Thèse dirigée par Jean-Christophe Abramovici, Claire Crignon et Michèle Levy-Soussan.

Julie Agnaou, philosophie de la médecine

L’objectif de cette recherche est d’interroger les spécificités du soin en milieu carcéral, en articulant une approche relevant de l’épidémiologie sociale, une approche sociologique et une réflexion éthique. Il s’agira d’interroger le paradoxe du soin en prison : une autonomie est-elle possible dans un contexte où privation de liberté et contraintes sont exercées sur l’individu ?

Cette recherche reposera également sur une enquête de terrain mobilisant plusieurs maisons d’arrêt en Île-de-France. D’abord, en analysant le caractère antinomique de l’expression « prendre soin en prison » : comment restaurer la santé dans un contexte de privation de liberté, et donc d’absence potentielle de consentement des sujets ? Comment tenir compte de la situation particulière de vulnérabilité dans laquelle se trouve la population carcérale pour définir les critères d’une autonomie requise, et, en même temps, compromise par la situation des personnes détenues ? Comment articuler le « souci de soi » de Foucault, d’une part, et le souci de la santé publique et de la réinsertion au sein de la société, d’autre part ?

Ensuite, une réflexion de terrain sera proposée sur l’application des quatre principes de bioéthique théorisés par Beauchamp et Childress (autonomie, bienfaisance, non malfaisance, et justice) dans un contexte de contraintes multiples et de privation de libertés. Les spécificités de la relation soignant-soigné entre soins et rapports de force/domination seront étudiés, ainsi que la complexité de la collaboration entre les institutions pénitentiaire et hospitalière et les conséquences qui en découlent sur le plan sanitaire, éthique et juridique. Un travail d’analyse sur le principe d’autonomie sera privilégié dans ce travail de recherche pour en faire émerger ses différents sens. Comment proposer des environnements favorables à l’autonomie, comment rétablir une capacité d’autonomie et une agentivité de l’individu détenu par le biais des soins de santé ?

Enfin, une approche comparative internationale sera proposée avec une étude du mouvement  anglo-saxon « What Works ? » et du modèle québécois en matière de prévention de la récidive.

Julie Agnaou, philosophie de la médecine, École Doctorale « Concepts et Langages », UMR 8011 - Sciences, normes et démocratie (SND) de Sorbonne Université. Thèse encadrée par Claire Crignon (philosophie de la médecine), Philippe Audegean (philosophie morale et politique) et Dr Marc-Antoine Valantin.

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